Cytomégalovirus

Le cytomégalovirus (ou CMV) est un virus responsable d'infections passant le plus souvent inaperçues. Son caractère pathogène survient surtout chez des patients dont les défenses immunitaires ont été affaiblies, tels ceux traités par immuno-suppresseurs, atteints par le sida, et les fœtus. Le CMV rend aussi vulnérable les patients déjà atteints d'une maladie systémique, cette dernière pouvant provoquer une immunodépression.

Cytomegalovirus

Pour les articles homonymes, voir CMV.
Cytomegalovirus
Inclusion cellulaire pulmonaire à CMV
Classification
Type Virus
Groupe Groupe I
Famille Herpesviridae
Sous-famille Betaherpesvirinae

Genre

Cytomegalovirus
— auteur incomplet —, date à préciser

Une infection à cytomégalovirus chez la femme enceinte peut provoquer des lésions chez le fœtus. Il s'agit de l'infection fœtale congénitale la plus fréquente dans les pays industrialisés.

Le virus

Le cytomégalovirus appartient à la famille des herpesvirus qui comprend : le virus de l'herpès simplex, le virus d'Epstein-Barr et le virus varicelle-zona. Cette famille de virus est caractérisée par sa capacité à produire des infections latentes et persistantes.

Sa structure comporte un génome, une capside, une enveloppe recouverte de glycoprotéines. Le génome (ADN double brin linéaire) est emballé dans une structure protéique appelée capside, qui a une conformation géométrique polyédrique (icosaédrique).

Liste des espèces

  • Cercopithecine herpesvirus 5 (CeHV-5) — cytomégalovirus du singe vert — African green monkey cytomegalovirus
  • Cercopithecine herpesvirus 8 (CeHV-8) — cytomégalovirus du singe rhésus — Rhesus monkey cytomegalovirus
  • Human herpesvirus 5 (HHV-5) — cytomégalovirus humain — Human cytomegalovirus (HCMV)
  • Pongine herpesvirus 4 (PoHV-4)

Espèces candidates :

  • Aotine herpesvirus 1 (AoHV-1) — Herpesvirus aotus 1
  • Aotine herpesvirus 3 (AoHV-3) — Herpesvirus aotus 3

Épidémiologie

L' être humain est le seul réservoir de ce virus et sa transmission se fait par contact car c'est un virus très fragile. Ce virus se transmet par toutes les sécrétions corporelles : salive, sang, sperme, larmes, lait maternel, sécrétions du vagin et du col de l'utérus. Cette infection a une répartition mondiale sans rythme saisonnier.

La prévalence est de 30 à 70 % dans les pays d’Europe de l'Ouest et d’Amérique du Nord, et de 80 à 100 % dans les pays en voie de développement.

Sensibilités et viabilité

L'antiviral Ganciclovir réduit ou interrompt la réplication virale in vivo. Cent fois plus actif que l'Aciclovir, il est également beaucoup plus toxique (toxicité médullaire : neutropénie et thrombopénie) et n'est utilisé que dans le traitement des infections sévères chez les immunodéprimés.

Le CMV est sensible aux désinfectants (hypochlorite de sodium à 1 %, éthanol à 70 %, glutaraldéhyde, formaldéhyde).

Le CMV est sensible à la chaleur (50 à 60 °C pendant au moins 30 minutes), à des solvants lipidiques, un faible pH, aux rayons ultraviolets, aux cycles de congélation et de décongélation, ce qui l'inactive.

Le CMV peut survivre pendant quelques jours à température ambiante à l'extérieur de son hôte.

Cytomégalovirus et grossesse

Introduction

Entre 0,3 % et 2,4 % des femmes enceintes contractent cette maladie au cours de la grossesse. La moitié des fœtus de ces femmes seront atteints par le virus.

  • 10 % de ces fœtus auront des manifestations cliniques et/ou échographiques de l'infection avec des séquelles graves (microcéphalie, dilatation des ventricules du cerveau, atteintes oculaires) ;
  • 10 % des fœtus ne présentant aucun signe clinique ou échographique développeront au bout de quelques années une surdité.

Une primo-infection maternelle est possible. Chez la femme enceinte non immunisée, le risque de contamination est augmenté du fait d'avoir un enfant en bas âge, surtout s'il va en crèche. La contamination se fait alors surtout lors des changements de couches ou du partage des couverts.

Signe clinique chez l'adulte : primo-infection de la femme enceinte :

  • 80 % des cas : asymptomatique ;
  • 10 % des cas : syndrome grippal ;
  • 5 % des cas : fièvre prolongée.

Un syndrome mononucléosique est souvent présent.

Lors d'une prise de sang pour une femme enceinte (en début de grossesse au moins), un taux d'IgG supérieur à la normale dénote souvent une immunité ancienne (donc un fort résultat sur l'analyse : 50-100 voire 200).

Conséquence d'une primo-infection maternelle chez le fœtus

Les atteintes caractéristiques du CMV au niveau du fœtus sont :

  • une atteinte neurologique plus ou moins sévère, retard mental, une calcification cérébrale à l'échographie ;
  • une atteinte des nerfs sensoriels : surdité, choriorétinite ;
  • une atteinte hépatique (ictère, troubles hémorragiques) ;
  • une atteinte digestive avec une hyperéchogénicité des anses intestinales ;
  • une thrombopénie ;
  • un retard de croissance intra-utérin.

Le diagnostic est généralement évoqué à l'échographie. Le pronostic est fonction de l'atteinte neurologique.

Signes échographiques

  1. Microcéphalie
  2. Dilatation des ventricules latéraux du cerveau
  3. Retard de croissance intra utérin
  4. Hyperéchogénicité des intestins

À la naissance

Poids et taille de l'enfant sont en dessous de la normale. Parfois un état fébrile est retrouvé. Après l'enfant retrouve une taille normale.

Conséquence d'une réinfection maternelle chez le fœtus

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Diagnostic

Méthode indirecte

  • Se base sur la présence d'anticorps dans le sang de la mère.
Cette méthode n'a en pratique que peu d'intérêt pour le diagnostic positif d'une infection à cytomégalovirus.
  1. Les tests commerciaux ont parfois une sensibilité faible.
  2. La classique distinction entre IgG (Immunoglobuline de type G) et IgM (Immunoglobuline de type M) ne résiste pas à la pratique : de nombreuses femmes gardent des années les IgM ; impossibilité de diagnostiquer les réinfestations. Et 70 % des primo-infections n'ont pas d'IgM.
  3. La recherche d'avidité des immunoglobulines permet de distinguer les infections des réinfestations.
  • Son seul intérêt est d'éliminer une infection à cytomégalovirus quand le séro-diagnostic est négatif.

Méthode directe

Cette méthode nécessite de recueillir du liquide amniotique au cours d'une amniocentèse

  • Mise en évidence par culture du virus.
  1. Technique de référence mais la fragilité du virus rend parfois difficile sa réalisation.
  2. Demande de une à trois semaines.
  3. Très spécifique (100 %) mais de sensibilité moyenne (50 %).
  4. La technique dite de culture rapide augmente la sensibilité.
  • Mise en évidence des antigènes viraux : pp65.
  • Mise en évidence par amplification génique ou PCR du virus.
Méthode de référence pour le diagnostic de l'atteinte fœtale par le virus

Traitement

Il n'existe aucun traitement disponible pour diminuer le risque d'atteinte fœtale. Lorsque le diagnostic d'infection fœtale à CMV est posé sur des critères échographiques et recherche de cytomégalovirus par PCR, il est possible de pratiquer une interruption médicale de grossesse.

On dispose de deux médicaments antiviraux la DHPG (Ganciclovir) et l'acide phosphonoformique (Foscarnet). Un troisième médicament, l'HPMPC (Cidofovir), est réservé en cas de résistance aux deux précédents.

Il n'y a pas de vaccin actuellement au point contre le CMV.

Les gammaglobulines à haut titre d'Ac anti CMV ont, en injections répétées, une activité préventive (greffes).

Prévention

  • Aucun vaccin n'est disponible.
  • La prévention n'est possible que chez les femmes enceintes séro-négatives. Les précautions suivantes permettent de réduire le risque :
  1. éviction professionnelle des femmes séro-négatives si elles s'occupent d'enfants en bas âge ;
  2. fréquents lavages des mains ;
  3. port de gants en latex pour éviter le contact avec des liquides corporels ou des objets souillés par ces liquides ;
  4. ne pas donner de baiser sur la bouche (même à ses propres enfants) ;
  5. lavage à grande eau du pot de l'enfant, tous les jours soit avec des gants, soit par une autre personne avec de l'eau bouillante ou un désinfectant ;
  6. pendant son repas, utiliser des couverts séparés pour la femme enceinte et ses enfants. Ne jamais goûter les repas de l'enfant avec sa cuillère. Ne jamais goûter son biberon ;
  7. ne pas prendre de bain avec son enfant ;
  8. en cas de transfusion d'une femme enceinte, faire une transfusion avec du sang déleucocyté ou CMV négatif ;
  9. rapports sexuels avec préservatifs, même chez un couple stable, car le père peut se contaminer auprès des enfants.

Dépistage de l'infection à CMV chez la femme enceinte

Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français considère qu’en l’état actuel des connaissances, une politique de dépistage systématique du CMV au cours de la grossesse n’est pas justifiée par des bénéfices démontrés et qu’elle aurait sans doute des conséquences néfastes[1]. Aucun pays au monde ne pratique le dépistage systématique de l'infection à CMV chez la femme enceinte (excepté la Belgique et l’Italie) car :

  • 80 % des fœtus des femmes infectées n'auront aucune séquelle ;
  • la sérologie est d'interprétation délicate voire impossible en cas de réinfestation.

Seules les mesures d'hygiène permettent actuellement de réduire l'incidence des infections congénitales à CMV.

En Belgique

En Belgique, le Conseil supérieur de la santé émet une opinion d'expert faisant le point sur la problématique dans le pays pour les femmes enceintes[2]. Les principales recommandations de l'avis sont :

- Pas de vaccin, pas de traitements disponibles donc, les règles élémentaires d'hygiène à la maison et sur le lieu de travail pour éviter l'infection : Se laver régulièrement les mains, surtout après avoir eu un contact avec de la salive ou de l'urine d'enfants en bas âge (par exemple après avoir changé des couches) ou porter des gants lors du changement de couches et/ou de la manipulation du linge sale d'enfants. S'assurer que les jouets, plans de travail et autres surfaces qui entrent en contact avec les fluides corporels de jeunes enfants soient propres (lavées au savon ou avec une solution hydroalcoolique). Ou encore, ne pas utiliser les mêmes couverts, ne pas utiliser la même brosse à dents, ne pas mettre en bouche les tétines et sucettes, ne pas donner des baisers sur la bouche, ne pas utiliser le même linge de bain, etc.

- Écartement des femmes enceintes :

  • Des puéricultrices (CMV+ ou CMV-) actives au sein d’une garderie/crèche et enceintes doivent cesser ces activités dès que possible.
  • Il est également possible que les femmes enceintes (CMV+ ou CMV-) travaillant dans une école maternelle et n’étant pas en mesure d'appliquer les mesures préventives d'hygiène doivent également interrompre leurs activités sur avis du médecin du travail. Elles ne doivent pas être systématiquement écartées dans ce contexte.
  • Les femmes enceintes (CMV+ ou CMV-) travaillant dans les soins de santé et dans les services de prise en charge de personnes handicapées doivent appliquer de façon stricte les précautions générales d’hygiène, surtout lorsqu’elles apportent des soins d’hygiène corporelle aux enfants. Elles ne doivent pas être systématiquement écartées dans ce contexte.
  • Les puéricultrices allaitantes, séronégatives (CMV-), avec un enfant prématuré ou immunodéprimé et travaillant dans une garderie d’enfant doivent cesser ces activités dès que possible (CSS 9215, 2014)[3].

- Dépistage systématique des femmes enceintes pour le CMV ? Oui, mais... utile si et seulement si cela aide à la prise de conscience du danger ou si cela rassure les parents. Sinon, peu d'intérêt.

- Dépistage systématique des nouveau-nés pour le CMV ? Oui, à mettre en place pour une meilleure connaissance de l'épidémiologie en Belgique et permettre le dépistage précoce des enfants infectés au cours de la grossesse pour limiter les séquelles graves. Des recherches doivent être effectuées pour mettre au point de meilleures méthodes de dépistage chez l’enfant. En l’absence de recherches complémentaires sur ces méthodes, le Conseil recommande la Polymerase Chain Reaction (PCR) ciblée sur l’ADN du CMV et réalisée sur urines, salive comme alternative acceptable à la méthode de référence (cf. point IV. 8). Néanmoins, une prise d’échantillons réalisée correctement avec un risque de contamination le plus faible possible demeure une pierre d’achoppement dans cette démarche. Il est donc également important d’y être attentif lors de l’utilisation de ces techniques.

- Le CMV peut également être éventuellement transmis par les voies sanguines (transfusion) et sexuelles mais ces dernières ne sont pas abordées dans le cadre de cet avis.

  • En effet, en termes de transfusion, il est utile de rappeler l’efficacité des méthodes actuelles de réduction des pathogènes pour les concentrés plaquettaires et que, depuis 2005, les concentrés érythrocytaires sont tous déleucocytés. Les indications pour les donneurs « CMV-séronégatifs » au moment du don sont clairement reprises dans les avis 8390 et 8381[4],[5].
  • En ce qui concerne la probabilité de transmission par voie sexuelle, cet aspect n’est en pratique jamais pris en considération.

Tropisme cellulaire

Cellules cibles

Sites de latences

  • Monocytes du sang circulant
  • Progéniteurs de la Moelle osseuse de type CD34+

Clinique

  • Forme asymptomatique (90 % des cas)
  • Forme bénigne (que le patient prend pour de la fatigue simple)
  • Forme classique  :
  • Forme compliquée
  • Forme sévère

Cytomégalovirus et SIDA

Introduction

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Cytomégalovirus et personnes sous immunodépresseurs

Le Cytomégalovirus est particulièrement répandu chez les transplantés rénaux.

En règle générale, il se manifeste peu de temps après la greffe (2 à 3 semaines) et se diagnostique sur la courbe de température du malade qui est assez caractéristique : température normale le matin, puis montée en flèche dans la mi-journée à plus de 39 °C, 40 °C pour redescendre et se stabiliser la nuit et ainsi de suite…

La durée peut être variable selon l'état général du patient mais elle avoisine les trois semaines, au cours desquelles, étant donné le fort taux d'immunodépresseur lié à la greffe, aucun traitement ne sera prescrit. Lorsqu'il est sûr que c'est bien une ICMV, le traitement consiste à boire régulièrement beaucoup d'eau, éventuellement le médecin prescrira une dose moindre d'immunodépresseur (selon les cas) et la surveillance doit se faire en milieu hospitalier jusqu'à ce que la pointe de température du midi commence à présenter une courbe descendante pour finir par se stabiliser à une température « normale ». Une infection à CMV reste cependant associée à un plus grand risque de diabète, d'infections opportunistes et rejet du greffon[6].

Traitement

Le ganciclovir (Cymevan) ou sa prodrogue estérifiée, le valganciclovir (Rovalcyte) sont des analogues désoxyguanosine efficaces contre le Cytomégalovirus. Cependant, outre le fait qu'ils soient toxiques pour la moelle osseuse, ils sont mutagènes et tératogènes, et sont de ce fait contre-indiqués en cas de grossesse. On peut administrer à la place du foscarnet (foscavir), un analogue de pyrophosphate, ou du cidofovir (Vistide), un analogue de la cytidine, actif après une double phosphorylation. Cependant, ces deux molécules ont une certaine toxicité rénale. Ces trois molécules sont des inhibiteurs de l'ADN polymérase virale.

Le letermovir cible la sous-unité pUL56 de la terminase virale et semble être prometteuse en traitement préventif[7].

Articles connexes

Notes et références

  1. [PDF]Anaes, Évaluation de l’intérêt du dépistage de l'infection à cytomégalovirus chez la femme enceinte en France, Saint-Denis, France, septembre 2004.
  2. « La problématique du cytomégalovirus chez la femme enceinte » [PDF], Avis du Conseil supérieur de la santé N° 9262, Conseil Supérieur de la Santé, (consulté le 1er décembre 2015)
  3. « Validation du contenu de l’avis de la VWVA ayant trait au cytomégalovirus (CMV) et à l’écartement ou pas du travail de la puéricultrice allaitante » [PDF], Avis du Conseil supérieur de la santé N° 9215, Conseil Supérieur de la Santé, (consulté le 1er décembre 2015)
  4. « La réduction des pathogènes dans les concentrés plaquettaires » [PDF], Avis du Conseil supérieur de la santé N° 8390, Conseil Supérieur de la Santé, (consulté le 1er décembre 2015)
  5. « Bonnes pratiques de transfusion à l’usage des hôpitaux » [PDF], Avis du Conseil supérieur de la santé N° 8381, Conseil Supérieur de la Santé, (consulté le 1er décembre 2015)
  6. Legendre C, Pascual M, Improving outcomes for solid-organ transplant recipients at risk from cytomegalovirus infection: late-onset disease and indirect consequences, Clin Infect Dis, 2008;46:732-740
  7. Chemaly RF, Ullmann AJ, Stoelben S et al. Letermovir for cytomegalovirus prophylaxis in hematopoietic-Cell transplantation, N Engl J Med, 2014;370:1781-1789

Bibliographie

  • François Denis John Libbey (dir.), Les virus transmissibles de la mère à l'enfant, Eurotext.

Liens externes

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