Primum non nocere

Primum non nocere est une locution latine qui signifie : « en premier ne pas nuire », « d'abord, ne pas faire de mal ». C'est le principal dogme abstentionniste appris aux étudiants en médecine et en pharmacie.

Parfois on rapporte l'expression primum nil nocere[1].

Origine

L'origine de cette locution est incertaine. La plus ancienne trace de ce principe se trouve dans le traité des Épidémies (I, 5) d'Hippocrate, daté de 410 av. J.-C. environ, qui définit ainsi le but de la médecine : « Face aux maladies, avoir deux choses à l'esprit : faire du bien, ou au moins ne pas faire de mal » (« ἀσκέειν, περὶ τὰ νουσήματα, δύο, ὠφελέειν, ἢ μὴ βλάπτειν »)[2].

Principe

Selon Littré, le principe s'inscrit dans le passage suivant « [il faut] avoir, dans les maladies, deux choses en vue : être utile ou du moins ne pas nuire. L'art se compose de trois termes : la maladie, le malade et le médecin. Le médecin est le desservant de l'art ; il faut que le malade aide le médecin à combattre la maladie »[3]. Selon Debru, le texte littéral est « il faut que le malade affronte la maladie avec le médecin », (c'est-à-dire avec l'aide du médecin). Littré aurait ainsi atténué la pensée hippocratique en inversant les responsabilités de l'alliance ; c'est l'individu malade qui doit jouer un rôle actif et premier (et non le médecin) dans la lutte contre la maladie[3].

Ce principe s'inscrit ici dans ce qu'on appelle le « triangle hippocratique » (médecin, malade et maladie), dans le cadre d'une stratégie d'alliance. L'intention reste active : c'est faire le bien et être utile qui est primum, le non nocere étant le minimum garanti pour gagner et garder la confiance ou la force du malade. Il s'agit là d'une double règle[3] (faire le bien, ou au moins ne pas faire du mal).

Dans un cadre plus général, non limité à la médecine, le principe de non-malfaisance primum non nocere peut s'exprimer d'une autre façon : face à un problème particulier, il peut être préférable de ne pas faire quelque chose ou même de ne rien faire du tout que de risquer de faire plus de mal que de bien.

Notes et références

  1. (de) Rudolph von Leuthold (dir.), Deutsche militärärztliche Zeitschrift : Vierteljährliche Mittellungen aus dem Gebiet des Militär-Sanitäts- und Versorgungswesens, Berlin, Ernst Siegfried Mittler und Sohn, (lire en ligne), p. 171
    Cet ouvrage est un regroupement de 49 cahiers publiés mensuellement, puis semi-mensuellement de 1872 à 1920. Les informations bibliographiques données juste avant s'appliquent aux volumes 1 à 30, alors que l'ouvrage complet comprend 49 cahiers. Les détails de l'édition de cet ouvrage sont publiés par l'Internet Archive : https://archive.org/details/deutschemilitrr00unkngoog.
  2. (en) G. R. Burgio, John D. Lantos, Primum Non Nocere Today, Elsevier, , p. 1.
  3. Hippocrate (préf. Jacques Jouanna), La consultation, Hermann, (ISBN 2-7056-5996-X), p. 4 et 13.
    Textes choisis et présentés par Armelle Debru.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) C. Sandulescu, « Primum non nocere: Philological Commentaries on a Medical Aphorism », Acta Antiqua Hungarica, vol. 13, , p. 359-368
  • Portail de la médecine
  • Portail de la bioéthique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Sharealike. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.